En1916, durant la Première Guerre mondiale, le général français Broulard ordonne au général Mireau de lancer une offensive suicidaire contre une position allemande imprenable, surnommée "La fourmilière". Au moment de l'attaque, les soldats tombent par dizaines et leurs compagnons, épuisés, refusent d'avancer
Sam Mendes, 2019 LE COMMENTAIRE Dans la vie, il faut parfois aller au feu. Non pas par conviction, mais simplement parce que quelqu’un d’autre l’a décidé pour nous cf L’étau de Munich. Ainsi soit-il. On a toujours le choix, parait-il. Jusqu’à ce qu’on ne l’ait plus. Terrorisés, il ne nous reste plus qu’à compter sur notre détermination. Peut-être sur un ami cf Slumdog Millionnaire. Et sur notre bonne fortune. LE PITCH Deux garçons sont envoyés en terrain ennemi pour éviter un massacre. LE RÉSUMÉ Le 6 avril 1917, les Allemands font mine d’abandonner leurs tranchées. En réalité, ces petits coquins cherchent à faire une surprise aux Anglais en les attendant de pied ferme sur la ligne Hindenburg. Les Britanniques n’y voient que du feu, sauf le General Erinmore Colin Firth qui flaire l’arnaque. Il veut avertir le Colonel McKenzie Benedict Cumberbatch. L’offensive ne doit pas être lancée, sinon 1,600 hommes vont se faire découper par l’artillerie du Kaiser. Les deux soldats Will Schofield George MacKay and Tom Blake Dean-Charles Chapman sont désignés pour aller porter la bonne parole. They’re walking into a trap. Your orders are to deliver a message calling off tomorrow morning’s attack. If you fail, it will be a massacre. Pression. Leur voyage n’est pas une partie de plaisir. Il leur faut traverser un no man’s land truffé de cadavres et de rats. Blake sauve héroïquement la vie de Schofield, piégé par une mine cachée dans une tranchée abandonnée. Quelques minutes plus tard, son ami ne pourra pas lui retourner la politesse. Blake est blessé mortellement par un pilote Allemand. Comble de l’ironie, Blake avait insisté pour lui venir en aide. Schofield doit continuer sa mission et se rendre à Ecoust pour prévenir la division Devon. Il est escorté par le Capitaine Smith Mark Strong mais doit finir sa route seul. Passant au travers des bombes, il alerte McKenzie avant qu’il ne soit trop tard. Le Colonel rappelle ses troupes, la mort dans l’âme. I hoped today might be a good day. Hope is a dangerous thing. That’s it for now, then next week, Command will send a different message. Attack at dawn. À l’infirmerie, Schofield retrouve Joseph Blake Richard Madden pour l’informer de la mort de son frère. L’EXPLICATION 1917, c’est avant tout ne pas perdre. Dans le sport, certains entraineurs prônent un jeu offensif. Leur philosophie de la victoire passe par le but ou le point de plus. Lancer toutes ses forces dans la batailles. Gagner avec panache, ou perdre avec les honneurs. C’est l’approche du jusqu’au boutiste Colonel McKenzie. There is only one way this war ends Last man standing. D’autres, au contraire, pensent que la meilleure défense… c’est la défense. Pour eux, le meilleur moyen de gagner est encore de ne pas se faire trouer. Passer entre les balles est suffisamment héroïque. Survivre, c’est pas si mal cf Le Pianiste. Ainsi on gagne à l’usure. Quand on n’accepte la défaite à aucun prix. C’est la stratégie du Général Erinmore. Pas très flamboyant mais efficace. On a connu des équipes qui ont gagné des Coupes du Monde de football en jouant la contre-attaque cf Les Bleus 2018. La preuve que cela marche. Dans cette Première Guerre Mondiale, dite de position », il fallait être patient. Les casse-coups finissaient la tête dans les barbelés. Et surtout, il fallait jouer tactique pour ne pas se mettre à la faute. 14-18 aux allures de jeu d’échecs. Gagner passe par être plus malin que la personne d’en face, de manière à ne pas se faire piéger bêtement. En poker, cela se traduit par se retenir de rentrer dans une main à l’apparence trop facile. Gare au piège. Les grands joueurs savent qu’une petite main de perdue peut-être synonyme d’une grande partie remportée. Ils savent aussi à quel point il est difficile de jeter ses cartes. Aussi difficile que de traverser les lignes ennemies pour Blake et Schofield. On trébuche sur les cadavres. Trahi par un rat dans des galeries où on n’aurait jamais dû s’aventurer. Poignardés même pas dans le dos par celui à qui on voulait venir en aide. Atteindre le têtu Colonel McKenzie qui ne demande que d’aller au carton cf La ligne rouge. I’m not calling off my men. Tenter de le convaincre de faire machine arrière, grâce à la lettre du Général. Une performance encore plus admirable que d’avoir échappé à des soldats Allemands dans un petit village de la Somme en pleine nuit. Ou d’avoir évité leurs balles perdues. Pendant ce long voyage, Schofield a tellement de raison d’abandonner et céder à la facilité. Se planquer derrière sa peur. Céder à la colère. Suivre son ego. Impossible de ne pas se décourager. You’ll never make it. Heureusement qu’il a un camarade de galère cf Gerry. Blake sera sa rampe de lancement. Celui qui ne lâche rien. Un bon Anglais. Il choisit Schofield et le prend par la main pour mieux lui montrer la voie. Pas étonnant si Blake a la carte. C’est également lui qui imprime le tempo cf Whiplash. Précurseur des Rolling Stones. We need to keep moving. Au cours de cette mission, il est nécessaire de ne pas réfléchir. Être un bon soldat peut-être mais lorsque la voie de la sagesse est incarnée par Erinmore avec sa fine moustache, on peut l’écouter. Un homme qui n’a pas de problème à reconnaître ses fautes et faire machine arrière si nécessaire. Le Général envoie ses soldats au casse-pipe, mais pas pour rien. Au bout, il y a la victoire des Alliés et d’une certaine idée de la vie. Avec un peu de bière certes, mais sans choucroute. Le soldat doit exécuter. Faire son boulot, porté par une conviction profonde, plus que la recherche de la gloire personnelle. Schofield n’est pas du genre à se laisser absorber par sa petite personne, ce qui lui permettra d’aller au bout du voyage. Il n’est pas guidé par un symbole de prestige. It doesn’t make you special. Il a d’ailleurs troqué sa médaille du mérite contre une bouteille de vin car il avait soif. Tout ce qui compte pour lui, c’est faire passer le message d’abord à McKenzie. Puis à Joseph Blake. Car les principes comptent cf Les hommes d’honneur. Schofield est le porteur de mauvaises nouvelles grâce auquel l’histoire peut continuer. LE TRAILER Cette explication n’engage que son auteur.
Filméen noir et blanc, Les Sentiers de la Gloire montre un côté peu reluisant de la guerre et des gradés où l’ennemi est toujours invisible. Ce film en noir et blanc est plutôt une
L’objectif de ce bref article est de présenter la question de l’hostilité et de l’ennemi qui sera thématisée dans mes prochaines publications sur cette plateforme. Je propose d’analyser la dernière scène du film de Stanley Kubrick intitulé Les Sentiers de la Gloire Paths of Glory. Film en noir et blanc de 1957, la guerre des tranchées de 14-18 y est mise en scène à partir du point de vue de l’armée française. L’ennemi, à savoir l’unité formée par les soldats des différents corps d’armée de l’Empire Allemand ou Deuxième Reich, n’apparaît que par la médiation de tirs meurtriers, jamais directement. Sauf dans la dernière scène lorsque la situation hostile devient rapport réfléchi à l’hostilité, lorsqu’une volonté de destruction remonte à sa possibilité, perd ses fondements et n’apparaît plus nécessaire. En ce sens, cette scène présente une mise en image de la contingence inhérente à la constitution d’un objet politique l’ennemi. L’élément narratif du film naît d’une décision militaire d’ordre tactique. Celle-ci est conforme à la stratégie de l’attaque à outrance, préconisée à l’époque entre autres par Foch et essentiellement par l’armée française, suivant un modèle assez peu clausewitzien puisque le théoricien du 19e siècle accordait toujours la supériorité militaire à la défense. Dans le film, l’état-major français ordonne de lancer une offensive quasiment impossible sur la colline aux fourmis ». Repoussé par le feu ennemi, le 701e régiment – qui au passage n’a jamais existé – commandé par le colonel Dax, rôle joué par Kirk Douglas, doit se replier. Le général Mireau, chef de l’offensive, observe la scène de loin en sécurité dans un bunker et demande alors de traduire en conseil de guerre le régiment entier pour lâcheté face à l’ennemi ». Malgré l’opposition de Dax, avocat dans la vie civile, trois hommes tirés au sort se trouvent condamnés à mort et exécutés. Dax avait entre-temps soumis au général Broulard, chef de l’état-major, les preuves que le général Mireau avait ordonné à l’artillerie de tirer sur le régiment dans les tranchées françaises pendant l’attaque lorsque les soldats, confrontés au massacre de leurs camarades, avaient refusé de s’exposer sur le champ de bataille. Broulard révoque alors Mireau et propose son poste à Dax en croyant que celui-ci a agi par simple ambition carriériste, comme tout fonctionnaire responsable de la défense de l’État. Dax, personnage central du film du fait de son grade de colonel qui lui permet de communiquer avec le simple soldat comme avec la tête de l’armée, refuse avec véhémence. La dernière scène a lieu juste après. Le colonel Dax sort du bâtiment de l’état-major pour se rendre dans ses quartiers. Au moment d’en ouvrir la porte, il entend des cris et des sifflements en provenance d’une sorte de café-théâtre, situé juste à côté. En restant à l’extérieur de l’établissement et à distance de l’assemblée de soldats, réunie devant une scène avec un piano, le spectateur perçoit l’action du point de vue du colonel, même si par la suite l’action est filmée à l’intérieur. Un présentateur intervient ainsi dans un plan orienté sur la scène. Il y amène une Allemande, probablement prisonnière, rôle joué par Christiane Kubrick. Dans un environnement gris et noir en raison des vêtements des soldats et des couleurs de la scène, la chemise blanche de la femme, alors en train de sangloter – elle représente l’ennemi soumis à la volonté du dominant – donne lieu à un contraste unique dans le film. Le présentateur l’invite à dire bonjour à ses messieurs » en s’adressant à elle en allemand. Elle utilise sa langue pour lui répondre et provoque alors les exclamations des soldats. Elle ne comprend pas ce qu’ils disent et eux ne la comprennent pas non plus. L’un d’eux se lève afin de lui dire de parler une langue civilisée », signe dans les esprits du camp français que l’ennemi leur a été désigné comme barbare, comme le révèle la sonorité incompréhensible de sa langue. S’en prendre à un tel ennemi ne revient donc qu’à défendre le collectif de l’humanité civilisée dont l’usage de la parole reposerait sur davantage de raison. Le présentateur reprend la parole en dénigrant l’Allemande, montrée comme dénuée de talent, en dehors de sa beauté physique, accentuée par sa pureté au milieu des Poilus qui se divertissent avant de retourner au front. La réaction des soldats reste constante et s’accentue en présence de la féminité une exclamation belliqueuse et relativement misogyne, c’est-à-dire empreinte d’une forme d’hostilité à l’égard de la femme et de ce qu’elle représente, une hostilité entremêlée d’un violent désir, parce qu’elle représente la familiarité et la sécurité dont le soldat est privé. La violence de ce rapport hostile est rendue par l’enchaînement des champs-contrechamps où l’Allemande est face à une masse d’hommes. C’est de plus la seule femme du film. Le présentateur explique enfin aux soldats qu’elle est dotée d’une voix d’or. Les sifflements et hurlements de la masse masquent l’échange verbal entre le présentateur et l’Allemande. Mais en lisant sur les lèvres de ce dernier, on devine qu’il lui demande de chanter Der treue Husar, chanson dont l’origine remonte au poème Die gute Sieben, chant populaire retranscrit déjà en 1808 par Brentano et Von Arnim dans le troisième volume de leur Des Knaben Wunderhorn[1]. Elle se met à chanter, sans parvenir à se faire entendre sous les acclamations de la masse de soldats. L’un deux réclame pourtant qu’elle chante plus fort et performativement se fait entendre lui-même de ses camarades. La masse de soldats reste filmée en contre-plongée afin de montrer son ascendance sur la prisonnière isolée dans le cadre du plan suivant. Puis le silence se fait peu à peu, les plans sur les soldats se resserrent sur des individus dont l’expression face à l’ennemi change progressivement. Ils ne comprennent toujours pas sa langue. Mais ils se taisent pour l’écouter, acceptant ainsi l’ascendance momentanée de la prisonnière, exercée par son chant. On observe un retournement du rapport de pouvoir présent dans la structure en dialogue de toute communication. Trois strophes sont prononcées par la chanteuse[2]. Les soldats reprennent en cœur la mélodie à partir de la fin de la première strophe. Leur fredonnement remplace les sifflets et porte véritablement le chant de l’Allemande. Es war einmal ein treue Husar Der liebt sein Mädchen ein ganzes Jahr, Ein ganze Jahr und noch viel mehr Die Liebe nahm kein Ende mehr. Und als man ihm die Botschaft bracht, Dass sein Herbzlichen im Sterben lag, Da liess er all sein Hab und Gut, Und eilte seinem Herzliebchen zu. “Ach bitte Mutter bring ein Licht, Mein Liebchen stirbt – ich seh es nicht.” Das war fürwahr ein treuer Husar Der liebt’ sein Mädchen ein ganzes Jahr. » Il était une fois un fidèle hussard Qui aima sa compagne toute une année Toute une année et plus encore L’amour ne prendrait plus fin Et lorsqu’on lui apprit la nouvelle, Que sa bien-aimée allait mourir, Alors il laissa là tous ses biens, Et se pressa auprès de sa bien-aimée. “S’il te plaît mère, accorde nous une lumière, Mon aimée se meurt – je ne la vois pas.” C’était pour vrai un fidèle hussard, Qui aima sa compagne toute une année. » Les plans suivants enchaînent les visages de soldats désormais présentés isolés dans leurs sanglots, tout en restant unis dans la reprise du chant d’une langue qui n’est pas la leur. L’hostilité prend fin dans la communauté du deuil imaginé qui en dépit de tout désaccord conflictuel reste universel. Enfin, nous revenons au colonel Dax, filmé de face quelques secondes, songeur face à ce qui vient de se produire. Un de ses subalternes le ramène à la situation de guerre en l’avertissant qu’il faut repartir au front. Il décide d’accorder quelques minutes supplémentaires aux soldats, puis retourne à ses quartiers sur le pas d’une marche militaire, autre mélodie bien plus sinistre qui clôture ainsi le film. Cette mise en scène de l’ennemi, qui n’apparaît que sous les traits de la femme, dans une scène de réconciliation finale, a probablement justifié les interdictions momentanées de la diffusion du film dans certains pays comme la France, l’Allemagne ou l’Espagne franquiste le ton est anti-militariste. Le film produit une critique de la représentation de l’ennemi comme objet abstrait de haine dont la concrétisation par la destruction peut être suspendue. Cette figure abstraite de l’ennemi est produite par l’art militaire lui-même et reste loin d’être la seule envisageable dans la légitimisation de la violence afin de mener les guerres modernes. Par exemple, l’ennemi assimilé à la figure du criminel est encore une autre modalité que Kubrick cherchait à montrer dans certains de ses films. Il expliquait son choix de personnages, d’ores et déjà condamnés dès l’origine à subir un ordre politique et social qu’ils ne peuvent que refuser, dans une interview du 12 décembre 1958 Le criminel est toujours intéressant à l’écran parce qu’il est un paradoxe de personnalité, une collection de violents contrastes. Le soldat est fascinant parce que toutes les circonstances qui l’entourent sont chargées d’une sorte d’intensité. Malgré toute son horreur, la guerre est le drame à l’état pur probablement parce qu’elle est une des rares situations persistantes où des hommes peuvent se dresser et parler pour les principes qu’ils pensent leurs. Le criminel et le soldat ont au moins cette vertu d’être pour quelque chose ou contre quelque chose dans un monde où tant de gens ont appris à accepter une sorte de néant grisâtre, à afficher une série illusoire de poses afin qu’on les juge “normaux” ou “ordinaires”. Il est difficile de dire qui est engagé dans la plus vaste conspiration le criminel, le soldat ou nous. »[3] L’intensité et la folie de la guerre sont donc mises en contraste par Kubrick avec la vie monotone, plus précisément unidimensionnelle, des spectateurs de la fin des années 50. Si la guerre doit avoir un sens, ce n’est pas d’être l’erreur d’un système social pacifique fondé structurellement sur l’échange économique. La violence socio-politique n’est pas non plus un penchant inné du genre humain dont les ultimes causes seraient biologiques, suivant l’idée d’une concurrence vitale imposant une institutionnalisation hiérarchisée de la politique et une exclusion des anormaux dont les supposées constantes biologiques hostiles seraient déréglées ou malades. Les sociétés de masse nées des différentes révolutions industrielles expriment leur hostilité interne dans une dislocation du rapport sociopolitique au territoire, un modèle à concevoir par analogie avec une tectonique des plaques. Cette dislocation instaure des situations limites où l’individu, afin d’exister, doit s’opposer violemment, c’est-à-dire avec hostilité, à l’illusion de la vie pacifiée. Dans le contexte du réalisateur, il s’agit plus précisément de la vie quotidienne à l’époque de la Guerre froide, dans toute sa dimension fictive de pacification, considérée normale, en dépit des opérations de guerres effectives menées hors des territoires russes et nord-américains à cette époque. Cadrée par cette normalité, selon Kubrick, la vie ordinaire n’offre qu’une passivité nécessairement suspecte. Qui est l’ennemi et comment apparaît-il ? Comme le dit Kubrick, criminels et soldats s’opposent à la banalité ordinaire. Pour autant, l’ennemi se conçoit-il strictement dans son opposition à toute amitié normale et raisonnable, se réduisant à l’anormalité accidentelle d’une société ? La guerre est un rapport collectif qui engage nécessairement une compréhension même naïve de l’altérité, compréhension qui conditionne en retour celle de soi-même dans l’acte de l’agression violente en situation hostile. Développer une pensée de la guerre dans ce contexte consiste d’abord à porter la critique sur la notion d’ennemi en politique. La désignation de l’ennemi joue la fonction d’une justification légitime pour tout conflit armé direct ou indirect. Quel est le statut sociopolitique de cet ennemi ? Parle-t-on d’un seul ennemi, de plusieurs, de son idée, de son abstraction ? L’histoire de la philosophie politique suppose que derrière le mot ennemi » se cache surtout le nom de Carl Schmitt. Il suffit de songer à ses conceptualisations effectuées entre autres dans La notion de politique ou dans l’un de ses textes plus tardifs, comme La théorie du partisan. La compromission politique de cet auteur discrédite rapidement l’usage de la notion. Mais dès lors que la recherche philosophique fait jouer un sens critique contre le sens historique, l’objectif d’une recherche sur l’hostilité se réduit à montrer qu’une rationalité politique, soutenue par une anthropologie propre aux rapports collectifs de violence, doit être élaborée en vue de comprendre ce qu’est la relation à l’hostilité en général – et non seulement à l’ennemi – relation à l’hostilité qui fonde d’une manière ou d’une autre toute polis. Autrement dit, comme l’extrait de film de Kubrick tend à le mettre en scène, l’ennemi existentiel des écrits de Schmitt n’est pas le fondement du politique, mais le résultat d’un art de la guerre et de ses évolutions – celui de la Première Guerre mondiale – qui nécessite d’être historicisé afin de mieux comprendre la relation étroite entre la désignation d’un ennemi et tout imaginaire national. [1] Arnim Achim von et Brentano Clemens, Des Knaben Wunderhorn, Alte deutsche Lieder, Vol. 3, Heidelberg, Mohr und Zimmer, 1808, p. 34-36. [2] Différente des versions classiques du 19e comme du 20e siècle. [3] Traduit d’une interview en anglais au New York Time Magazine du 12 décembre 1958. Texte lisible en archive sur internet Extrait traduit “The criminal is always interesting on the screen because he is a paradox of personality, a collection of violent contrasts”, Kubrick says. “The soldier is absorbing because all the circumstances surrounding him have a kind of charged intensity. For all its horror, war is pure drama, probably because it is one of the few remaining situations were men stand up for and speak up for what they believe to be their principles. The criminal and the soldier at least have the virtue of being for something or against something in a world where many people have learned to accept a kind of gray nothingness, to strike an unreal series of poses in order to be considered normal’ or average’. It’s difficult to say who is engaged in the greater conspiracy – the criminal, the soldier, or us.” Aprèsle drame survenu sur le tournage de Rust, un acteur à l'affiche du long-métrage fait des révélations assez troublantes sur l'utilisation des armes à feu sur le plat Paths of Glory En 1916, durant la Première Guerre mondiale, le général français Broulard ordonne au général Mireau de lancer une offensive suicidaire contre une position allemande imprenable, surnommée “La fourmilière”. Au moment de l’attaque, les soldats tombent par dizaines et leurs compagnons, épuisés, refusent d’avancer… Ce film s’inspire de faits réels qui ont eu lieu lors de la Première Guerre mondiale. A l’époque, des soldats français pouvaient être condamnés à mort par un conseil de guerre pour des motifs divers comme l’auto-mutilation, l’abandon de poste, etc. S’ensuivirent des scandales comme l’affaire des caporaux de Souain pendant lesquels l’armée française a abusé de cette pratique suite à l’ingérence et les erreurs d’un général. Les Sentiers de la Gloire s’inspire notamment de cette affaire. Le portrait qui y est fait de l’armée française, notamment de sa haute hiérarchie, est dévastateur. Ceci vaudra au film d’être auto-censuré en France suite à de forts mouvements contestataires. Il faudra 18 ans pour qu’il puisse finalement sortir… Stanley Kubrick prend clairement parti et dénonce avec cruauté une injustice proprement scandaleuse. Si c’est une charge contre la hiérarchie, il ne fustige pas pour autant l’ensemble de l’armée. A propos des soldats, il dira même Le soldat est fascinant parce que toutes les circonstances qui l’entourent sont chargées d’une sorte d’hystérie. Malgré toute son horreur, la guerre est le drame à l’état pur car elle est une des rares situations où des hommes peuvent se lever et parler pour les principes qu’ils pensent leurs. Le criminel et le soldat ont au moins cette vertu d’être pour ou contre quelque chose dans un monde où tant de gens ont appris à accepter une grise nullité, à affecter une gamme mensongère de pose afin qu’on les juge normaux… Il est difficile de dire qui est pris dans la plus vaste conspiration le criminel, le soldat ou nous. » Stanley Kubrick, The New York Times magazine, 12 octobre 1958. Sortie fin 1957 entre autres aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en RFA. Lessentiers de la gloire dépeint un épisode de la Grande Guerre tiré de faits authentiques : la condamnation à mort par un conseil de guerre de fantassins accusés d’avoir reculé devant l’ennemi allemand. Sorti en 1957, ce film en noir et blanc du Britannique Stanley Kubrick fut longtemps interdit de projection en France. Fort heureusement, à d’autres temps LIFE d’Anton CorbijnFilm américano-britanniqueJames Dean, marchant sous la pluie à New York, chez le barbier, assoupi avec ses lunettes de myope sur la table d’un café de Manhattan ou posant avec les cochons de la ferme familiale dans l’Indiana… Ces photos prises en février 1955 ont fait le tour du monde et participé à la légende de l’acteur surdoué, symbole d’une jeunesse révoltée, mort prématurément à 24 auteur, Dennis Stock, alors âgé de 27 ans, a déjà une longue route derrière lui. Orphelin de père, marin à 16 ans, père lui-même à 17, il est devenu photographe pour arrondir les fins de mois de sa famille. Las des cohues pour immortaliser les stars sur les tapis rouges à Times Square, il veut être considéré comme un artiste, exposer ses photos. Après avoir croisé James Dean, un jeune acteur prometteur à l’affiche de À l’est d’Eden, un film que personne encore n’a vu, il propose à Life – via l’agence Magnum – un reportage sur la rédaction se montre réticente pourquoi se soucier d’un comédien inconnu ? et Dean n’est guère plus enthousiaste désire-t-il vraiment accéder à la notoriété qu’apporteraient ces images publiées dans un magazine lu par trente millions de personnes ?.Un portrait déconcertantAnton Corbijn brosse un portrait déconcertant et touchant de ces deux jeunes hommes insatisfaits, croise leurs malaises et dépeint leur relation complexe. Divorcé, n’assumant pas son rôle de père, Dennis Stock, sans cesse sur le qui-vive, se montre incapable de s’abandonner à l’instant. Plus apte à profiter des bons moments, James Dean, en fragile rebelle, s’effraie du mélange d’art et de commerce auquel il accède, tente d’échapper à l’emprise que la Warner entend avoir sur son à Robert Pattinson qui incarne Dennis Stock, il revient à Dane DeHaan la lourde tâche d’interpréter James Dean. S’il ne peut égaler son modèle à qui il donne d’étonnants airs apathiques, il fait naître des moments de grâce. À l’instar de cette scène dans le train qui mène les deux hommes dans l’Indiana, où il raconte son premier voyage de retour avec le cercueil de sa mère dans le wagon de marchandise. Invité dans la chaleureuse maison de l’oncle et de la tante après une errance dans Manhattan, Stock est saisi par l’amour palpable qui circule entre les uns et les autres, puissante consolation pour une image superbe, le film restitue le contexte et l’ambiance de photographies drôles ou émouvantes. Sur le fil, surgit entre les deux hommes une affection timide. Après ce reportage, ils ne se reverront plus. Sans être retourné chez les siens, James Dean meurt sept mois plus tard dans un accident de voiture.
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Lessentiers de la gloire. Un film de Stanley Kubrick (USA, , sortie en France 1975, VOSTF) avec Kirk Douglas. En 1916, durant la Première Guerre mondiale, le général français Broulard ordonne au général Mireau de lancer une offensive suicidaire contre une position allemande imprenable, surnommée “La fourmilière”. Au moment de l’attaque, les AlloCiné News Cinéma Meilleurs films Films à l'affiche Prochainement Séances Box Office Courts-métrages Tous les films Séries Streaming Trailers DVD VOD Kids DISNEY+ Mon compte Identifiez-vousCréez votre compte Les Sentiers de la gloire News Bandes-annonces Casting Critiques spectateurs Critiques presse VOD Blu-Ray, DVD Photos Musique Secrets de tournage Récompenses Films similaires Retour à la galerie Précédente 2 / 12 Photos Suivante Les Sentiers de la gloire Photo ajoutée le 23 mars 2019 Film Les Sentiers de la gloire Kirk Douglas - 115 Ralph Meeker - 6 Adolphe Menjou - 9 George Macready - 1 Commentaires Pour écrire un commentaire, identifiez-vous Voir les commentaires Ilest difficile de dire qui est pris dans la plus vaste conspiration: le criminel, le soldat ou nous. Stanley Kubrick (The New York Times Magazine, le 12 octobre 1958.) Générique du film. Drame historique de Stanley Kubrick 88 min / États-Unis / 1957 Avec Kirk Douglas, Ralph Meeker, Adolphe Menjou, George Macready, Wayne Morris, Richard Anderson Les sentiers de la gloire En 1916, durant la Première Guerre mondiale, le général français Broulard ordonne au général Mireau de lancer une offensive suicidaire contre une position allemande imprenable, surnommée La fourmilière ». Au moment de l’attaque, les soldats tombent par dizaines et leurs compagnons, épuisés, refusent d’avancer… Les sentiers de la gloire Les sentiers de la gloire Entrez le mot de passe pour télécharger Les sentiers de la gloire Ila donc permis à Stanley Kubrick de réaliser, en 1957, ce film de guerre, ou plutôt, ce pamphlet antimilitariste en noir et blanc qu’est Les sentiers de la gloire. Un choc tel que ce long

Les Sentiers de la gloire Paths of Glory[1] est un film de guerre américain de Stanley Kubrick se déroulant pendant la Première Guerre mondiale. Le film, en noir et blanc, sorti en 1957, est inspiré du livre du même titre de Humphrey Cobb paru en 1935. En 1992, le film est sélectionné par le National Film Registry pour être conservé à la bibliothèque du Congrès américain, en raison de son intérêt culturel, historique ou esthétique important ». Synopsis L'action du film se déroule en 1916 en France, lors de la Première Guerre mondiale. À cette période de la guerre, la tactique de la guerre de tranchées n'a mené qu'à l’enlisement du conflit. Des assauts réguliers, inutiles et meurtriers, sont cependant menés par les troupes françaises et allemandes pour essayer de prendre le dessus sur l'ennemi. En faisant miroiter un avancement, le général de division français Broulard incite son subordonné, l’ambitieux général de brigade Mireau à lancer un de ses régiments à l'assaut d'une position allemande très solide nommée la cote 110 en version française — la Fourmilière Anthill » en version originale — qui se trouve au sommet d'une colline, ceci sans renforts et avec peu de préparation d'artillerie. Lors de l'assaut des soldats français, le régiment mené par le colonel Dax est repoussé par le feu ennemi ; subissant de lourdes pertes, il doit se replier. Mais le général Mireau, observant le combat et s'apercevant qu'une partie des soldats n'a pas quitté sa tranchée, ordonne de tirer au canon sur ses propres troupes, pour les forcer à attaquer. L'ordre, oral, est adressé à l'officier d’artillerie français, qui refuse néanmoins d'obéir. Pour détourner le blâme de l'échec de l'attaque, le général Mireau traduit le régiment du colonel Dax en conseil de guerre cour martiale, pour lâcheté devant l'ennemi », et ordonne qu'une centaine de soldats soient fusillés. Mais, quand Dax refuse, jugeant cette initiative révoltante et barbare, le général Broulard fait un compromis seuls trois hommes tirés au sort, un par compagnie, seront jugés pour l'exemple. Avocat dans le civil, le colonel Dax demande l'autorisation au général Broulard de défendre les trois hommes qui sont désignés. Mais, malgré son talent et sa motivation au cours du procès, celui-ci ne parvient pas à faire fléchir les juges, pour qui la sentence ne fait aucun doute les soldats seront fusillés le lendemain. En dernier recours, le colonel Dax décide de retrouver le général Broulard pour lui apporter les preuves que le général Mireau a ordonné à son artillerie de tirer sur ses propres troupes. Cela n'empêche pas l'exécution des trois soldats, mais Broulard ordonne une enquête sur les agissements de Mireau, puis offre le commandement de la brigade à Dax, en croyant que celui-ci a agi par pure ambition. Écœuré par le cynisme de Broulard, Dax refuse cette offre d'avancement. Retournant auprès de ses hommes, Dax est attiré par les cris et les sifflements de soldats entassés dans un bar. Une jeune Allemande en larmes, présentée sur une estrade, est moquée par les soldats français. Mais quand celle-ci se met à chanter l'air Der treue Husar, les soldats se taisent, émus par la chanson et vont même jusqu'à l'accompagner en murmurant l'air, bien que la chanson soit en Allemand. Dax décide de partir sans informer ses hommes qu'ils ont reçu l'ordre de retourner au front. Son visage se durcit alors qu'il retourne dans ses quartiers. Fiche technique Titre original Paths of Glory Titre français Les Sentiers de la gloire Réalisation Stanley Kubrick Scénario Stanley Kubrick, Calder Willingham et Jim Thompson, d'après le roman de Humphrey Cobb paru en 1935 Musique Gerald Fried Photographie Georg Krause Montage Eva Kroll Direction artistique Ludwig Reiber Production Kirk Douglas, James B. Harris et Stanley Kubrick Société de production Bryna Productions Société de distribution United Artists Budget 935 000 $ estimation Tournage Munich, été 1957 Pays d'origine États-Unis Langue originale anglais Format noir et blanc - 1,371 Genre film de guerre Durée 88 minutes Dates de sortie Allemagne de l'Ouest 18 septembre 1957 États-Unis 25 décembre 1957 France 26 mars 1975 Distribution Kirk Douglas VF Alain Mottet le colonel Dax George Macready VF Georges Wilson le général Paul Mireau Ralph Meeker VF Sylvain Joubert le caporal Philippe Paris Timothy Carey VF Jacques Balutin le soldat Maurice Férol Joe Turkel VF Pierre Trabaud le soldat Pierre Arnaud Adolphe Menjou VF Georges Riquier le général Georges Broulard Wayne Morris VF Claude Brosset le lieutenant Roget Peter Capell VF Jacques Thébault le président de la cour martiale Richard Anderson VF Claude Giraud le commissaire du gouvernement Emile Meyer VF Raymond Loyer l'aumônier John Stein VF René Arrieu le capitaine Rousseau Harold Benedict VF Francis Lax le capitaine Nicolas Bert Freed VF Roger Lumont le sergent chef de section Kem Dibbs VF Jacques Richard le soldat Lejeune Fred Bell VF Henri Poirier le soldat atteint d'obusite dans la tranchée Halden Hanson VF Jean Berger le médecin militaire et un soldat Jerry Hausner VF Yves Barsacq l'animateur du cabaret Christiane Kubrick Christiane Harlan, créditée sous le nom de Susanne Christian » la chanteuse allemande Remarque le doublage français a été effectué en 1975, lors de la sortie du film dans les salles françaises. Production Inspiration Avant d'être retranscrit au cinéma, le livre d'Humphrey Cobb fut adapté en 1935 pour Broadway par Sidney Howard, un dramaturge et scénariste connu pour ses opinions de gauche. La pièce fut un échec mais Howard déclara publiquement que le roman méritait une adaptation cinématographique. Le titre du film reprend celui du tableau homonyme peint en 1917 par le Britannique Christopher Nevinson, qui illustrait des cadavres de soldats étalés dans le no man's land, ce qui valut d'être censuré à l'époque[2],[3]. Tournage Le film a été en partie tourné au nouveau château de Schleissheim, en Bavière. 800 policiers allemands ont été employés pour jouer les soldats français[4]. Musique La chanson interprétée par la jeune Allemande à la fin du film est Der treue Husar littéralement le fidèle hussard », adaptée en France par Francis Lemarque sous le titre Marjolaine. Contexte historique Vue du monument Fusillés pour l'exemple, à Suippes 2007. Les Sentiers de la gloire s'inspire de plusieurs faits réels. Pendant la Première Guerre mondiale, environ 2 500 soldats français ont été condamnés à mort par les conseils de guerre, dont un peu plus de 600 furent réellement fusillés pour l'exemple » par l'armée pour des motifs divers abandon de poste, mutilations volontaires, refus d'obéissance…, les autres ayant vu leur peine commuée en travaux forcés. Le réalisateur Stanley Kubrick s'appuie principalement sur l'affaire des caporaux de Souain où le général Réveilhac aurait fait tirer sur l'un de ses propres régiments le 336e régiment d'infanterie dont les hommes refusaient de sortir des tranchées lors d'un assaut suicidaire contre une colline occupée par les Allemands, avant de faire exécuter quatre caporaux le 17 mars 1915. Ces soldats trois originaires de la Manche Théophile Maupas, Louis Lefoulon, Louis Girard ; et un d'Ille-et-Vilaine Lucien Lechat seront réhabilités en 1934 grâce à l'action de la femme de Théophile Maupas, l'institutrice Blanche Maupas. Un monument est d'ailleurs toujours visible à Sartilly Manche commémorant leur réhabilitation, ainsi qu'à Suippes Marne. Au début de la guerre de 1914-1918, la justice militaire était devenue une justice d'exception depuis des décrets d'août et septembre 1914 le sursis, le recours en révision, les circonstances atténuantes et le droit de grâce étaient supprimés. L'épisode du soldat sur une civière qu'on ranime pour le fusiller s'inspire lui d'un autre cas, celui du sous-lieutenant Jean-Julien-Marius Chapelant exécuté le 11 octobre 1914 après une parodie de procès. Gravement blessé aux jambes depuis plusieurs jours, incapable de tenir debout, épuisé moralement et physiquement, le sous-lieutenant Chapelant avait alors été ficelé sur son brancard et celui-ci posé le long d'un arbre pour qu'on pût le fusiller. Inhumé au bois des Loges dans une fosse commune, seul son nom figure au cimetière d'Ampuis où il est né. Sa tombe vide a été honorée par l'Union des Mutilés et Anciens Combattants qui y ont apposé une plaque de marbre portant l'inscription Les anciens combattants à leur frère d'armes Jean Julien Marius Chapelant, martyr des cours martiales ». Jean Julien Marius Chapelant a été déclaré » et reconnu mort pour la France » par le ministre délégué aux anciens combattants Kader Arif le 31 octobre 2012 et ce geste a été officialisé à l’occasion des cérémonies du Jour du Souvenir 11 novembre de la même année[5]. Accueil Sortie en salles et censure Le film est projeté en Allemagne à Munich le 18 septembre 1957[6]. Le film fait scandale en France et en Belgique. Face à la pression et aux menaces de représailles d'associations d'anciens combattants français et belges, le gouvernement français, alors plongé dans les remous de la guerre d'Algérie, proteste auprès de la United Artists ; par ailleurs, le ministère des Affaires étrangères français insiste auprès de la Belgique pour que le film soit déprogrammé[7]. La carrière européenne du film s’interrompt lors de sa projection en avant-première à Bruxelles en Belgique, où plusieurs journalistes progressistes et de nombreux représentants de l'armée française font le déplacement[2]. Romain Gary, alors consul de France à Los Angeles, écrit une lettre outrée au gouvernement français[pourquoi ?][2]. Devant l'ampleur du mouvement contestataire, les producteurs du film décident, dans un acte d'auto-censure, de ne pas le distribuer en France et ne demandent pas de visa d'exploitation au ministre chargé du cinéma français. Les autorités françaises font également pression pour que le film soit aussi censuré dans toute l'Europe. Ainsi, à la suite des pressions exercées par la France, le Conseil fédéral suisse décide de la censure du film qui sera effective jusqu'en 1970. Celui-ci est également retiré de la Berlinale et des bases de l'armée américaine en Europe[2],[8],[9]. L'universitaire Séverine Graff relève que l'enjeu du débat n'est jamais de savoir si la représentation de Kubrick est fidèle ou non au sort réservé aux fusillés pour l’exemple en 1916. La question est de savoir si le film est antimilitariste, si la représentation sévère des officiers supérieurs français pourrait nuire au rôle de la France dans cette période de décolonisation et si Kubrick pointe délibérément la France afin de dénoncer l'attitude de l'armée en Algérie 1957 marque bien sûr la bataille d'Alger et la révélation des tortures commises par les parachutistes français en Algérie ; 1958 voit la sortie de [l'ouvrage] La Question d'Henri Alleg et le retour de De Gaulle au pouvoir[2]. » Face à la censure, Stanley Kubrick écrit une lettre publiée dans le mensuel L'Express en mars 1959, dans laquelle, selon le résumé de l'historien du cinéma Laurent Véray, il se défend d'avoir voulu critiquer directement la France et ses soldats, insistant sur le fait que son scénario aurait pu avoir pour cadre n'importe quelle guerre »[2]. Selon l'universitaire Séverine Graff Si sa lettre à L'Express adopte un ton outré face à la censure française, il est pourtant vraisemblable de penser que Kubrick avait non seulement conscience que la censure allait s'impliquer mais que le jeune réalisateur, à peine trentenaire, a sciemment fait fructifier cette interdiction pour vendre aux États-Unis son film comme une [sic] objet sulfureux, quitte à renoncer aux entrées françaises. D’ailleurs, la bande-annonce originale insère des références à la polémique et à l’audace du projet »[2]. Ce n'est que dix-huit ans plus tard, en 1975, que le film est finalement projeté en France[10]. Accueil critique Les Sentiers de la gloire est perçu comme une critique directe de l'armée française, par la cruauté des scènes finales et la satire violente des états-majors français.[réf. souhaitée] Il reçoit plusieurs récompenses, dont le prix Chevalier de la Barre décerné lors du Festival de Cannes[Lequel ?], ce prix étant destiné à récompenser annuellement une œuvre cinématographique qui exaltait l’esprit de tolérance et de fraternité humaine ou dénonçait l’intolérance et l’injustice de quelque origine qu’elles soient ».[réf. souhaitée] Box-office Analyse De prime abord, Les Sentiers de la gloire est un film antimilitariste qui dénonce les comportements de la haute hiérarchie militaire, ainsi que l'animalisation des soldats, considérés comme de simples pions et dont l'état autant physique que psychologique est exécrable. Le film met par ailleurs en évidence la résistance désespérée d'un homme, le colonel Dax. À la différence du film de guerre classique, l'affrontement n'est pas entre deux camps ennemis mais entre les officiers généraux et les soldats d'un même camp, les uns jouant leur promotion, les autres leur vie. D'ailleurs, on ne voit pas d'Allemands, car le film dénonce en partie la guerre mais surtout la relation entre haut gradés et soldats. Ce thème sera repris dans les films Les Hommes contre 1970, Un long dimanche de fiançailles 2004, Joyeux Noël 2005 ou bien encore dans le téléfilm Le Pantalon 1997. Le film britannique Pour l'exemple 1964 traite du même sujet dans l'armée britannique. En termes de réalisation, le film innove dans la représentation de la guerre en situant la caméra, et donc les spectateurs et spectatrices, sur le no man's land lors de l'assaut Par cette séquence, Kubrick revendique un traitement extrêmement réaliste, voire documentarisant, de la guerre. Un aspect mis en évidence par l'affiche du film, dont la phrase d’accroche It explodes in the no-man’s land no picture ever dared cross before » promet au spectateur d’accéder à des zones de conflits qu’aucune image n’avait osé filmer »[2]. Stanley Kubrick innove également par le fait de se servir de la Grande Guerre pour porter un discours de contestation sur le présent, ouvrant ainsi la voie à de nombreuses expressions artistiques contestataires telles que la chanson de Georges Brassens La Guerre de 14-18 écrite en 1961 ou les films Pour l'exemple de Joseph Losey 1964 ou Johnny s'en va-t-en guerre de Dalton Trumbo 1970[2]. Autour du film Le déroulement du procès devant la cour martiale est d'inspiration anglo-saxonne, plutôt que française. Par exemple, il n'y a jamais d' objection » en France pendant un procès. Le numéro du régiment d'infanterie 701e » n'a pas existé l'armée française n'a jamais compté plus de 418 régiments d'infanterie pendant ce conflit. Dans le film, les ordres Présentez… Armes ! » et les claquements de talons au garde-à-vous des soldats français sont erronés ; ils sont ceux de leurs adversaires de l'armée allemande. Les casques Adrian des poilus mélangent ceux de 1915 et ceux de 1926. Les fusils ne sont également pas tous d'époque. Stanley Kubrick rencontre sa femme Christiane Harlan sur le tournage. Notes et références ↑ Le film reprend le titre du roman de Humphrey Cobb dont il en est l'adaptation. Mais son titre est aussi une citation du poème de Thomas Gray, Élégie écrite dans un cimetière de campagne, qui a donné ensuite son titre à un tableau emblématique de la Première Guerre mondiale peint par Christopher Nevinson. ↑ a b c d e f g h et i Séverine Graff, Les Sentiers de la gloire. Une censure d’État contre un film francophobe » ? », sur 2020-2021 consulté le 26 décembre 2021. ↑ Titre qui est lui-même issu d'une citation du poème Élégie écrite dans un cimetière de campagne 1751 écrit par Thomas Gray 1716-1771 The paths of glory lead but to the grave ». ↑ Duncan 2003, p. 52. ↑ Un fusillé pour l'exemple de 1914 déclaré "mort pour la France" », sur 9 novembre 2012. ↑ Marcello Bruno trad. de l'italien par Silvia Guzzi, préf. Roberto Lasagna, Stanley Kubrick, Rome, Gremese, coll. Grands cinéastes de notre temps », 2016, 175 p. ISBN 978-88-7301-450-8, OCLC 52637234, lire en ligne, p. 211. ↑ Comme hors-la-loi, ce film fait scandale », Le Point, no 1984 du 23 septembre 2010. ↑ Marcello Bruno trad. de l'italien par Silvia Guzzi, préf. Roberto Lasagna, Stanley Kubrick, Rome, Gremese, coll. Grands cinéastes de notre temps », 2016, 175 p. ISBN 978-88-7301-450-8, OCLC 52637234, lire en ligne, p. 11. ↑ Duncan 2003, p. 50. ↑ Les Sentiers de la gloire » - Fiche du Centre national de documentation pédagogique CNDP. Voir aussi Bibliographie Nicolas Offenstadt, Les fusillés de la Grande Guerre et la mémoire collective 1914-1999, Paris, Odile Jacob, coll. Poches Odile Jacob », 2002, 350 p. ISBN 978-2-7381-1198-2, OCLC 422314187. pour les différents films traitant des fusillés Catherine Lanneau, Quand la France surveillait les écrans belges la réception en Belgique des Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick », [email protected] Politique, culture, société, no 8,‎ mai-août 2009, p. 91 ISSN 1954-3670, BNF 41048329, DOI lire en ligne. Stanley Kubrick entre la France et la Suisse le film Les Sentiers de la gloire interdit », Hadrien Buclin, dans Guerres mondiales et conflits contemporains, no 253, 2014, p. 101-113. en Paul Duncan, Stanley Kubrick Visual Poet 1928-1999, Taschen, 2003, 192 p. lire en ligne. Liens externes Ressources relatives à l'audiovisuel Ciné-Ressources Cinémathèque québécoise en AllMovie en American Film Institute en British Film Institute it en Metacritic en Movie Review Query Engine de OFDb en Rotten Tomatoes mul The Movie Database Les Sentiers de la gloire - Fiche du centre national de documentation pédagogique CNDP Notices d'autorité Fichier d’autorité international virtuel Bibliothèque nationale de France données Système universitaire de documentation Bibliothèque du Congrès Gemeinsame Normdatei Bibliothèque nationale d’Espagne Bibliothèque nationale de Catalogne WorldCat Stanley Kubrick Courts métrages Day of the Fight 1951 Flying Padre 1951 The Seafarers 1953 Longs métrages Fear and Desire 1953 Le Baiser du tueur 1955 L'Ultime Razzia 1956 Les Sentiers de la gloire 1957 Spartacus 1960 Lolita 1962 Docteur Folamour 1964 2001, l'Odyssée de l'espace 1968 Orange mécanique 1971 Barry Lyndon 1975 Shining 1980 Full Metal Jacket 1987 Eyes Wide Shut 1999 Articles liés Drame et Ombres Références culturelles à Orange mécanique Références culturelles à 2001, l'Odyssée de l'espace Appelez-moi Kubrick 2005 Documentaires sur Kubrick Stanley Kubrick Une vie en image 2001 Kubrick par Kubrick 2020 Soldats fusillés pour l’exemple Fusillés célèbres Jean-Julien Chapelant Léonard Leymarie Lucien Bersot Caporaux de Souain Fusillés de Flirey Frédéric Henri Wolff Joseph Dauphin Camille Chemin et Édouard Pillet Martyrs de Vingré Eddie Slovik Eugène Bouret Marcel Loiseau Les mutineries Mutineries de 1917 Mutinerie des soldats russes à La Courtine Monuments commémoratifs Monuments aux morts pacifistes Shot at Dawn Memorial Monument aux morts de Saint-Martin-d'Estréaux Films Les Sentiers de la gloire Pour l'exemple Un long dimanche de fiançailles Les Hommes contre Fusillés pour l'exemple Le Pantalon Chansons La Butte rouge Le Déserteur La Chanson de Craonne Non, non, plus de combats Give Peace a Chance Mutins de 1917 Livres Les Damnés de la Guerre Un long dimanche de fiançailles Les Hommes contre Antimilitarisme et antimilitaristes Concepts Militarisme Insoumission Objection de conscience Désertion Anationalisme Démilitarisation Anarchisme non-violent Pacifisme Éléments historiques Soulèvement du 18 mars 1871 Carnet B 1886 Congrès antimilitariste d'Amsterdam 1904 Congrès anarchiste international d'Amsterdam 1907 Désertion pendant la Première Guerre mondiale Déserteur au cours de la Première Guerre mondiale en France Manifeste des Seize 1916 Mutineries de 1917 Milices confédérales 1936 Manifeste des 121 1960 Lutte du Larzac 1971 Antimilitaristes Barthélemy de Ligt Georges Yvetot Jean Van Lierde Louis Lecoin Pierre-Valentin Berthier Ferdinand Domela Nieuwenhuis Emma Goldman Julia Bertrand May Picqueray Manuel Devaldès Maurice Laisant Lou Marin Aguigui Mouna Han Ryner Gérard Leretour Nicolas Walter Léo Ferré Georges Brassens Tayfun Gönül Cabu Mouvements antimilitaristes Ligue des antipatriotes 1886 Ligue antimilitariste 1902 Association internationale antimilitariste 1904 Fédération communiste anarchiste 1912 Internationale des résistantes à la guerre 1921 Union pacifiste de France 1961 Groupe d'action et de résistance à la militarisation 1967 Refuznik Israël 1979 Groupe pour une Suisse sans armée 1982 Vigiles pour la paix 2014 Œuvres antimilitaristes Le Patriotisme et le gouvernement, Léon Tolstoï 1900 Sur l’importance du refus du service militaire, Léon Tolstoï 1905 Gloire au 17e, Montéhus 1907 La Chanson de Craonne, anonyme 1915 Non, non, plus de combats, anonyme 1917 Les Aventures du brave soldat Švejk, Jaroslav Hašek 1921-1923 Monument aux morts de Gentioux 1922 Lettre aux conscrits, Laurent Tailhade 1928 Les Damnés de la Guerre, Roger Monclin 1934 Johnny s'en va-t-en guerre, Dalton Trumbo 1939 L'Équarrissage pour tous, Boris Vian 1946 Paroles, Jacques Prévert 1946 Le Déserteur, Boris Vian 1954 Les Sentiers de la gloire, Stanley Kubrick 1957 Gaston Lagaffe, André Franquin 1957 Parachutiste, Maxime Le Forestier 1972 Mourir pour des idées, Georges Brassens 1972 Army Dreamers, Kate Bush 1980 Le Pantalon, Yves Boisset 1997 Presse antimilitariste Le Libertaire 1895 L'Assiette au beurre 1901 La Guerre sociale 1906 Les Hommes du jour 1908 L'Idée libre 1911 Ce qu'il faut dire 1916 War Commentary 1939 Charlie Hebdo 1970 Le Réfractaire 1974 Voir aussi Antiguerre Soldats fusillés pour l'exemple Anarchisme

En1919, au lendemain de la Première Guerre mondiale, deux anciens soldats, sans le sou, dont l’un est défiguré mais possède un don pour le dessin, décident de monter une arnaque, en mettant en place un catalogue de monuments aux morts, qu’ils vendent sans les réaliser En poursuivant votre navigation sans modifier vos paramètres, vous acceptez l'utilisation de

Pendant 18 ans, Les Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick a été censuré en France. Dans le cadre du magazine de Dominique Besnehard Place au cinéma, France 5 diffuse ce lundi 30 octobre Les Sentiers de la gloire. La quatrième réalisation de Stanley Kubrick est trop souvent mise de côté dans la filmographie du cinéaste. On pense souvent à 2001 Odyssée de l’espace, Shining, Full Metal Jacket ou encore Orange Mécanique. Les sentiers de la Gloire est pourtant un long-métrage essentiel. Au milieu des années 50, avant de se pencher sur la guerre du Vietnam, Kubrick se saisit du sujet de la Première Guerre Mondiale et décide de traiter le film de guerre en contournant les codes du genre. Il nous plonge dans les tranchées françaises en 1916 où le général Dax Kirk Douglas ordonne une attaque contre une position allemande imprenable. Dès le début de l’assaut, les soldats tombent en masse et les survivants décident de battre en retraite pour connaître un meilleur destin. S’ensuit alors un simulacre de procès contre trois d’entre eux. Dès le départ, le spectateur connaît le fin mot de l’histoire, mais Kubrick expose brillamment tout le procédé des procès de guerre. Il organise son film en trois actes distincts composés de façon théâtrale guerre, procès puis un focus sur l’humain. On retrouve tout ce qui a fait le cinéma de Kubrick travelling, plan séquence et de beaux décors. Filmé en noir et blanc, Les Sentiers de la Gloire montre un côté peu reluisant de la guerre et des gradés où l’ennemi est toujours invisible. Ce film en noir et blanc est plutôt une réflexion sur la guerre qu’un film de guerre. Porté par une prestation magistrale de Kirk Douglas et des scènes de procès superbes, il est considéré aujourd’hui comme un vrai bijou de cinéma, alors qu’à sa sortie, il n’a pas été distribué en France, suite à des pressions du gouvernement français entre autres, qui y voyait une critique directe de l’armée française durant la Première Guerre Mondiale. Il n’a pas "censuré" le film à proprement parler, mais le mouvement contestataire fit tellement de bruit à l’époque que la production a préféré ne pas le diffuser, comme en Suisse. Ce n’est qu’en 1975, 18 ans après sa création, qu’il est sorti sur nos écrans.

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